Lors du conseil municipal du lundi 26 juin, le maire d’Agen et son conseil municipal ont présenté une délibération portant sur l’autorisation et le financement d’un déplacement d’une délégation d’élus dans la ville Israélienne d’Arad.
Cette rencontre officielle entre deux villes et leurs représentants élus ne peut pas faire l’impasse sur une prise en compte de la situation géopolitique dans cette région.
Nous rappelons qu’Israël occupe et colonise des Territoires de manière illégale.
La résolution 242 de l’ONU votée il y a 56 ans exige le retrait des territoires palestiniens occupés.
Il en est de même de l’annexion de Jérusalem Est dont la superficie a été considérablement agrandie en toute illégalité. Et l’installation de 800000 colons au-delà de la ligne verte de la frontière internationalement reconnue constitue un crime de guerre.
Nous sommes également obligés de rappeler que le gouvernement d’extrême droite d’Israël a mis en place une loi sur l’État-Nation adoptée depuis le 19 juillet 2018 par la Knesset, précisant que l’État d’Israël est le Foyer National du Peuple Juif, ne mentionnant ni les habitants arabes d’Israël, ni le caractère démocratique du gouvernement.
Le contexte politique s’aggrave encore avec la réforme de la justice menée par le gouvernement actuel malgré l’opposition majoritaire des citoyens de ce pays, réforme qui va permettre une immunité totale et une voie libre aux pires ambitions de sa coalition raciste et ultranationaliste en matière d’occupation, de colonisation et d’annexion.
Le ministre des finances Smotrich s’est quant à lui encore récemment illustré par son abjecte déclaration raciste : « Il n’y a pas de Palestiniens. Ils n’ont ni histoire, ni culture ».
De plus, ce voyage ne s’inscrit pas non plus avec n’importe quelle mairie. En effet, la mairie d’Agen a reçu une invitation de la part du maire d’Arad, Mr Nissan Ben Hamo, qui appartient à un parti politique soutenant et ayant participé au gouvernement mené par Benjamin Netanyahou, composé de partis nationalistes et suprématistes.
Si cela ne suffisait pas, ce maire d’Arad, qui nous est présenté par M. Dionis comme sympathique est décrit ainsi dans un article du Point :
« Le maire d’Arad, à des dizaines de kilomètres de Holot, a de son côté ordonné aux employés et policiers municipaux de se déployer aux entrées de sa ville pour bloquer l’arrivée éventuelle de clandestins libérés. « S’il le faut », il sonnera la mobilisation des habitants pour « défendre leur ville », prévient Nissan Ben Hamo sur Facebook »
En conséquence, avant de répondre favorablement à cette invitation et de voter pour cette délibération, nous ne pouvons pas comprendre que n’aient pas été véritablement prises en compte dans le choix des élus les politiques discriminatoires et les violations systématiques des droits de l’Homme du peuple Palestinien, qui sont qualifiées par les ONG indépendantes telles qu’Amnesty International comme une politique d’apartheid : ségrégation territoriale et restrictions de déplacement, saisies massives de biens fonciers et immobiliers, expulsions forcées, détentions arbitraires, tortures, homicides illégaux… Les ONG indépendantes ont suffisamment documenté la situation pour rendre inutile l’argument qu’il est important d’aller voir par soi-même la réalité de la situation.
Nous aurions souhaité que notre ville et ses élus se positionnent majoritairement contre, comme d’autres mairies, telle celle de Barcelone, qui ont suspendu temporairement leur jumelage avec des villes Israéliennes. Tout en rappelant, comme elles l’ont fait, qu’il faut distinguer les politiques de l’état d’Israël de l’ensemble de la population juive et de sa culture.
Notre association tient à rappeler l’obligation de respecter le droit international et les multiples résolutions de l’ONU concernant la Palestine et son intégrité territoriale.
D’ailleurs, ce voyage aurait pu s’inscrire dans cette perspective avec un projet humanitaire.
Finalement, ce voyage présenté comme un simple voyage culturel et d’échanges et payé avec les impôts de nos concitoyens peut-il mettre de côté sa dimension hautement politique ?
C’est dans ce sens que notre association Envie d’Agen reste disponible afin d’échanger avec les élus sur les raisons de leur vote favorable à cette délibération avec laquelle nous sommes en désaccord.